Les résultats décevants de Stellantis en Amérique du Nord ont poussé son PDG, Carlos Tavares, à intervenir personnellement. Cette semaine, il se rend à Detroit pour élaborer un plan qui redressera les opérations de l’entreprise sur ce marché crucial. Cette visite, qui se déroule pendant ses vacances d’été, souligne l’urgence de la situation et l’importance qu’il accorde à ce dossier.
Des résultats en chute libre
Stellantis, né de la fusion de PSA et Fiat Chrysler, a vu ses bénéfices chuter de manière inquiétante en Amérique du Nord au cours du premier semestre 2024. L’entreprise, qui s’appuyait fortement sur cette région pour financer ses autres opérations mondiales, a enregistré une baisse de 40 % de son revenu d’exploitation dans la région. Cette situation alarmante a conduit Carlos Tavares à reconnaître que l’entreprise avait manqué de réactivité face aux problèmes croissants.
La marque a notamment été pénalisée par des stocks élevés de véhicules, des problèmes de production et une stratégie tarifaire qui n’a pas su s’adapter à la réalité du marché. Tavares lui-même a admis que l’entreprise avait été « arrogante » en poursuivant une augmentation des prix dans un contexte où les consommateurs n’étaient pas prêts à suivre.
Une stratégie de redressement en cours d’élaboration
Durant son séjour à Detroit, Tavares rencontrera les principaux cadres de l’entreprise pour élaborer une stratégie qui devra être finalisée d’ici la fin de la semaine. Cette stratégie visera à rétablir les performances de Stellantis en Amérique du Nord, une région qui reste le moteur financier du groupe.
Le défi est de taille : non seulement Tavares doit relancer les ventes de marques phares comme Ram et Jeep, qui ont vu leurs ventes chuter de 33 % par rapport à 2019, mais il doit aussi le faire sans compromettre les marges bénéficiaires. Des observateurs du secteur, comme Philippe Houchois, analyste chez Jefferies, ont pointé du doigt un manque de pragmatisme dans la gestion des prix et des stocks de la société, une erreur que Tavares s’efforce désormais de corriger.
Des mesures drastiques déjà en place
Pour endiguer les pertes, Stellantis a déjà pris des mesures drastiques, notamment en réduisant ses effectifs aux États-Unis. La fermeture prochaine de l’usine de Warren Truck, qui produit le Ram 1500 Classic, entraînera le licenciement de 2 450 employés. Par ailleurs, Stellantis a proposé des départs volontaires à ses salariés américains, une initiative visant à réduire encore plus les coûts.
Malgré ces efforts, la situation reste tendue entre l’entreprise et le syndicat United Auto Workers (UAW), qui représente les travailleurs des usines américaines. Le président du syndicat, Shawn Fain, a menacé de faire grève si Stellantis ne respecte pas ses engagements d’investissement. La relation entre les deux parties s’est encore détériorée après que Stellantis a licencié des travailleurs horaires cette année, une action perçue comme une violation des accords de négociation.
Les enjeux pour Carlos Tavares
Carlos Tavares est sous pression pour redresser la situation en Amérique du Nord, non seulement pour rassurer les employés et les investisseurs, mais aussi pour restaurer la confiance des actionnaires. Ces derniers ont récemment intenté un procès contre Stellantis, accusant l’entreprise d’avoir dissimulé la gravité de la situation avant l’annonce de résultats décevants.
Tavares, considéré comme l’un des dirigeants les plus compétents de l’industrie, sait que sa réputation est en jeu. Le fondateur de Niche Asset Management, Massimo Baggiani, a souligné que Tavares doit maintenant prouver qu’il peut augmenter les ventes sans compresser les marges ou épuiser la trésorerie. Cela nécessitera des décisions difficiles, mais Tavares est déterminé à ramener Stellantis sur la voie du succès.
En résumé
Face aux difficultés croissantes de Stellantis en Amérique du Nord, Carlos Tavares a décidé de prendre les choses en main. Sa visite à Detroit vise à élaborer une stratégie pour redresser les opérations du groupe dans cette région clé. Confronté à des résultats en chute et à une pression accrue de la part des investisseurs et des syndicats, Tavares doit prouver qu’il peut redonner à Stellantis la stabilité et la rentabilité qui ont fait sa force.